
Lors du dernier Conseil municipal, la fermeture du studio d’enregistrement « Le Garage » après 25 ans d’activité a soulevé une vive controverse, marquant un tournant dans la politique culturelle de la ville de Sens. Ce lieu emblématique, qui a vu passer des générations d’artistes locaux et joué un rôle essentiel dans l’éveil musical des jeunes, laisse un vide certain pour nombre de Sénonais.
Cette fermeture a suscité un large débat. M. Bittoun, élu d’opposition, a d’ailleurs exprimé clairement les doutes partagés : « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup », dénonçant une explication insuffisante quant aux bénéfices économiques avancés pour justifier cette suppression.
De leur côté, les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 30 groupes fréquentaient ce studio chaque mois et 1 500 signatures ont été recueillies en opposition à cette fermeture. Des artistes locaux, de 12 à 77 ans, y trouvaient non seulement un lieu de création, mais aussi un tremplin vers la lumière.
Paul-Antoine de Carville, maire de Sens, a assumé cette décision avec une phrase qui a marqué les esprits : « Et peut-être que nous ne parlons pas aux mêmes Sénonais ». Ce propos reflète une fracture dans la vision de la ville entre une majorité municipale qui défend des choix budgétaires prioritaires et une partie de la population qui regrette une culture populaire sacrifiée.
L’opposition a unanimement mis en avant l’impact social et culturel de cette fermeture, dénonçant une politique qui affaiblit l’accès à la culture pour les jeunes. Ils rappellent également que le studio représentait un lieu de prévention, d’insertion et un outil unique pour les talents locaux.
Cette décision a été l’élément déclencheur d’un nouveau mouvement citoyen : FRV Sens (Favoriser, Rassembler et Valoriser les Sénonais). Se voulant « pour les Sénonais, par les Sénonais », ce mouvement incarne une volonté collective d’impliquer les habitants dans les décisions majeures de leur ville. Leur première publication, consacrée à la fermeture du Garage, a enregistré 16 000 vues, révélant un intérêt et une mobilisation significatifs.
FRV Sens a par ailleurs rassemblé des citoyens et des acteurs politiques de divers horizons, unis par une même idée : défendre la culture, ses infrastructures et ses artisans. Ce front commun souligne que ce débat dépasse les clivages politiques traditionnels pour devenir une cause collective.
Pour beaucoup, la fermeture de ce studio d’enregistrement symbolise un recul dans l’offre culturelle locale, déjà fragilisée par d’autres décisions similaires. L’opposition a rappelé : « Un savoir-faire perdu ne se retrouve jamais ». Les locaux, certes promis à d’autres usages, ne remplaceront pas un service structuré et reconnu, qui a permis à de nombreux groupes de s’épanouir.
Cette fermeture pose la question fondamentale de la place accordée à la culture et à la jeunesse dans la politique municipale. Alors que les élus évoquent la nécessité de faire des choix budgétaires, les défenseurs du Garage alertent sur une perte de patrimoine culturel et une opportunité manquée pour les générations futures.
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