
Plume Libre est allé à la rencontre de Crazy Spray dans les locaux de Ycaune Radio. Un moment d’échange avec Mateï et Quentin, deux artistes à l’âme discrète mais aux idées bien ancrées. À travers leurs mots, leur parcours et leurs anecdotes, une chose est évidente : Crazy Spray, ce n’est pas juste une histoire de graffiti. C’est une aventure humaine, une passion partagée, un engagement profond.
Autour de la table, l’énergie est calme mais palpable. Mateï et Quentin reviennent sur leurs débuts, sur cette époque où le graffiti n’avait pas bonne réputation.
“Quand on a monté Crazy Spray en 2010, le graffiti, c’était encore vu comme du vandalisme. Mais nous, on savait que c’était bien plus que ça. C’est une manière de raconter quelque chose, de laisser une empreinte, de s’exprimer.”
Petit à petit, leurs fresques ont commencé à habiller les murs de l’Yonne, attirant la curiosité, changeant les mentalités. Aujourd’hui, grâce à eux, le graffiti est reconnu comme un art à part entière, et leur association continue de faire évoluer les regards.
Créer, transmettre, libérer la parole
Les yeux de Mateï s’illuminent quand il parle des ateliers avec les jeunes. Quentin, lui, sourit en évoquant les interventions en prison.

“Quand un ado ou un détenu se met à peindre, il y a toujours ce moment où il hésite, où il pense qu’il ne saura pas faire. Et puis, petit à petit, il ose, il prend confiance. C’est ça, le plus beau : voir des gens se révéler à travers l’art.”

Dans les écoles, dans les centres aérés, entre les murs des prisons, Crazy Spray a laissé plus que des couleurs : ils ont offert un espace d’expression à ceux qui en avaient besoin.
“On a vu des jeunes timides se transformer devant un mur blanc. Des adultes qui n’avaient jamais touché une bombe se rendre compte qu’ils avaient quelque chose à dire. C’est ça, notre plus grande fierté.”
Des artistes aux parcours variés Crazy Spray, ce n’est pas seulement du graffiti. Mateï s’est aussi tourné vers la sculpture sur bois, aux côtés de Laura Muller, sa compagne, élagueuse et artiste. Quentin, lui, explore la peinture sur toile et exposera bientôt à ABI à Joigny.
“On a toujours besoin d’explorer d’autres supports, d’aller plus loin. L’art, c’est ça : tester, chercher, évoluer.”
15 ans… et après ?
En octobre 2025, Crazy Spray fêtera ses 15 ans. Un cap important, un moment pour se retourner sur le chemin parcouru… et imaginer la suite.
“15 ans, c’est beaucoup… mais on a encore tellement à faire. Tant qu’il y aura des murs à peindre et des gens à inspirer, on continuera.”
L’interview touche à sa fin, mais une certitude demeure : Crazy Spray a encore de belles années devant lui. Et, à n’en pas douter, elles seront hautes en couleur.
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