Caleb

Je.
M’appelle.
Caleb.

Et ce soir…
je parle pour ceux qui parlent jamais.

Être un homme,
c’est pas qu’être debout.
C’est être debout
même quand t’as envie d’t’écrouler au sol.

C’est marcher droit
avec des genoux qui tremblent.
C’est porter des tonnes
et sourire comme si de rien n’était.

On demande aux hommes d’être des murs…
puis on s’étonne qu’ils s’écroulent en silence.

On t’apprend
à étouffer tes larmes
avant d’apprendre
à nouer tes lacets.

On t’apprend
à fermer ta gueule
avant d’apprendre
à ouvrir ton cœur.

On t’apprend
à encaisser.
Point.

On veut un soldat !
Pas un humain.
Un guerrier !
Pas une personne.
Un bulldozer émotionnel
qui fonce, fonce, fonce
jusqu’à exploser sans faire de bruit.

Un homme, ça souffre.
Mais ça souffre… en mode avion.
Sans réseau.
Sans secours.

Père ?
Faut assurer.
Travailleur ?
Faut performer.
Partenaire ?
Faut être stable.
Ami ?
Faut être solide.

Faut être TOUT.
Partout.
Tout le temps.

Et si t’as pas le temps ?
On s’en fout.
Et si t’as pas l’énergie ?
On s’en fout.
Et si t’es en train de te noyer ?

On s’en rend même pas compte.

Les hommes tombent aussi.
Ils tombent VRAI.
Mais ils tombent quand personne regarde.

Les amis ?
On parle concret.
Bagnoles, boulot, projets…
Mais jamais blessures.
Jamais ce qui ronge.
Jamais ce qui brûle.
Jamais ce qui casse.

Parce qu’on nous a appris
à cacher nos failles
comme si nos failles
étaient des fautes.

Moi, ce soir,
j’viens déchirer le silence.
J’viens ouvrir les coffres-forts.
J’viens parler pour les hommes
qui n’ont jamais eu l’occasion
d’être entendus.

Pour ceux qui tiennent debout
avec un cœur en ruine.
Pour ceux qui donnent tout
sans jamais se donner une seconde.
Pour ceux qui protègent tout le monde
mais qu’on protège jamais.

La société fabrique des hommes en pierre…
et s’étonne de retrouver des statues brisées.

Je m’appelle Caleb…
et j’vais te dire un secret.
Un vrai.

La force, c’est pas de tenir tout seul.
La force, c’est d’oser dire :
« J’ai besoin d’aide. »

La force, c’est pas l’armure.
C’est ce qu’il reste quand tu la retires.

Les hommes ne sont pas des machines.
Ce sont des humains
qui ont juste appris
trop tôt
à devenir des forteresses.

Et aujourd’hui …
j’les laisse respirer.

Par Caleb pour Plume Libre.