Auxerrevice des démunis : quand la solidarité devient une famille

À Auxerre, au détour d’un trottoir ou derrière une porte d’immeuble, il existe une force tranquille dont on parle encore trop peu : Auxerrevice des démunis.

Bien que l’association n’ait que trois ans, elle agit sur le terrain depuis neuf ans, ayant d’abord existé sous la forme d’un collectif citoyen.

Derrière cette aventure humaine, un homme : Abdelaziz, quadragénaire au sourire franc et au cœur immense. Brancardier à l’hôpital d’Auxerre, il connaît les détresses qu’on tait, les urgences invisibles et les vies qui vacillent. Alors il a décidé d’agir. Simplement, sincèrement, avec ce qu’il avait : du temps, de la bienveillance et une conviction devenue sa devise :

« On ne peut pas aider tout le monde, mais tout le monde peut aider quelqu’un. »

Aujourd’hui, ils sont 35 bénévoles à avoir rejoint ce mouvement. Des jeunes, des moins jeunes, des croyants, des non-croyants, des gens de tous milieux et de toutes histoires. Une mosaïque humaine qui partage la même valeur centrale : la dignité.

Des repas, mais surtout du respect

Quarante personnes sans-abri sont désormais suivies régulièrement par l’association. À celles-ci s’ajoutent près de 150 personnes en grande fragilité addictions, curatelles, faibles revenus… Tous trouvent, trois fois par semaine mardi, samedi, dimanche un repas livré, mais également une présence, un sourire, un nom prononcé avec respect.

Car Abdelaziz et ses bénévoles ne distribuent pas juste une barquette. Ils donnent un peu de chaleur, d’égalité, de reconnaissance. Ils tutoient, ils plaisantent, ils écoutent. Ils parlent à chacun comme à un membre de leur propre famille.

L’un des marqueurs Auxerrevice des démunis, c’est aussi sa capacité à s’adapter aux besoins alimentaires de chacun. Halal, porc, plats neutres : tout est pensé pour respecter les convictions, sans exclure personne. Une rareté parmi les associations, et une immense source de soulagement pour ceux qui, déjà fragiles, craignent souvent d’être jugés.

Autour de cette initiative, Auxerre s’est soudée. Un véritable élan collectif s’est créé, comme si chaque commerce, chaque artisan voulait participer à son échelle.

On y retrouve des partenaires aussi variés que précieux :

N.13 fleuriste, Chocolaterie Vidal, Chocolaterie du palais, Moonbo Auxerre, Protection judiciaire de la jeunesse, le C.H.R.S , l’Authentic Burger, le BBY, Cuisine Mood qui d’ailleurs prépare une cuisine solidaire une fois par mois, mais aussi Plein Frais, l’Épicerie solidaire de l’Auxerrois, Feuillette, boulangerie Marius, boulangerie Roy, le centre Leclerc d’Auxerre, la Pateasserie de GHK ou encore le bar L’Essentiel, et bien d’autres…

Chacun apporte un morceau de solidarité. Ensemble, ils fabriquent une chaîne humaine qui ne cesse de s’agrandir.

Ce que construit Abdelaziz dépasse de loin l’aide alimentaire. C’est un lien social, une confiance retrouvée, une sensation d’exister à nouveau. Pour beaucoup des personnes accompagnées, l’association joue un rôle de repère, parfois même de refuge.

Ce qui frappe, chez les bénévoles d’Auxerrevice des démunis, c’est cette façon d’être là entièrement, corps et âme, comme si chaque geste avait un sens. Ils ne viennent pas simplement distribuer des repas : ils viennent offrir un moment d’humanité à ceux que la vie a mis à rude épreuve. Et ce qu’ils reçoivent en retour vaut tous les efforts du monde. Un sourire, un regard soulagé, un « merci » murmuré du bout des lèvres… pour eux, c’est ça la véritable récompense. Beaucoup disent que ces instants leur rappellent pourquoi ils sont là, pourquoi ils continuent, même quand il fait froid, même quand la fatigue pèse. Ils savent qu’ils ne changent peut-être pas la vie entière de ces personnes, mais ils changent au moins leur journée, et parfois leur soirée. Et c’est cela qui compte : savoir qu’à travers une présence, un plat chaud ou une minute d’écoute, ils redonnent un peu de chaleur humaine à ceux qui en manquent le plus.

« On est une famille », répète Abdelaziz, et ce n’est pas pour la forme. C’est sa vérité. Auxerrevice des démunis, ce n’est pas une structure administrative ; c’est une main tendue, un regard qui ne juge pas, un pas vers l’autre.

Dans un monde où tout va vite, où l’indifférence semble parfois gagner du terrain, cette association rappelle que la fraternité n’est jamais très loin : elle naît d’une simple volonté, celle d’un homme qui croyait que l’on peut toujours aider quelqu’un.

« On ne guérit pas les blessures du monde, mais on peut au moins y poser un peu de chaleur, comme une main tendre sur un cœur fatigué. »

Plume 🪶